Au tournant du XXIème siècle, le nombre de CDD d’une durée inférieure à un mois s’élevait à environ 1,5 million par trimestre. Une quinzaine d’année plus tard, l’Unedic – gestionnaire, pour mémoire, de l’assurance-chômage – en dénombre plus de 4 millions. Certains secteurs sont bien entendu davantage concernés que d’autres – dont les arts et spectacles, le commerce et la restauration, par exemple – mais il s’agit d’une tendance structurelle forte valable pour l’ensemble du marché du travail. En parallèle, entre 2000 et 2016, le volume des CDD de plus d’un mois et des CDI est resté globalement stable.
Alors que s’ouvre un nouveau round de négociations entre les partenaires sociaux pour envisager une possible réouverture des débats sur la convention de l’Unedic, il apparait d’ores et déjà certain que cette étude sur le nombre de CDD courts sera au centre de toutes les discussions. En effet, les syndicats sont, depuis longtemps, favorable à une taxation supplémentaire pour ce type de contrats qu’ils jugent « précaires », alors que le patronat a réitéré à plusieurs reprises son opposition à une telle mesure.
Pour autant, si vous avez lu les Echos du 6 janvier dernier, vous n’aurez pas manqué de constater que la Banque de France juge pertinent de taxer davantage les emplois temporaires, et moins les CDI. La raison en est simple : ces contrats courts creusent plus rapidement et plus fortement le déficit de l’assurance-chômage. L’Unedic ne se prononce pas à ce sujet, mais constate que plus de 80% des CDD de moins d’un moins correspondent à des « réembauches » par un ancien employeur. Sur 2013, 66% de ces contrats ont même été passés dans le cadre d’une relation d’au moins six mois, chez le même employeur, avec a minima 4 CDD courts ; pour information, c’est ce que l’Unédic appelle une « relation suivie ».
Au final, la statistique la plus inquiétante est sans doute la suivante : selon France Stratégie, seul un CDD sur cinq se concrétise en CDI, or lorsque l’on connaît la frilosité des organismes prêteurs à accorder des crédits immobiliers pour des personnes n’ayant pas de CDI, il est certain que ce boom du nombre de CDD courts pénalise l’accession à la propriété. Reste à trouver comment redonner suffisamment de confiance aux employeurs pour redonner de l’intérêt au CDI – faudra-t-il pour cela un système de bonus/malus ? C’est ce que les débats des prochaines semaines nous permettront de savoir.