Ce début d’année a été marqué par l’entrée en vigueur de la directive européenne BRRD (Bank Recovery & Resolution Directive), devant permettre aux établissements bancaires de l’UE, en cas de risque sérieux de faillite, de ponctionner les comptes bancaires de leurs clients. Du moins, est-ce ce que nombre d’entre vous à l’affut de l’actualité économique ont du entendre.
En réalité, les choses sont un peu plus complexes que cela. Tout d’abord, les clients ne seront sollicités qu’après les actionnaires, dans un premier temps, puis les possesseurs de titres obligataires émis par la banque en question. L’objectif est de faire de l’intervention étatique une arme de dernier recours. Cela étant posé, seuls les comptes courants (et livrets d’épargne du type du Livret A français) de plus de 100 000 € sont concernés, mais ni l’Assurance-Vie ni les autres types de placement (PEA, PEL, etc.) n’entrent dans le périmètre de la Directive.
Pour autant, lorsque Chypre avait utilisé, en avril 2013, ce mécanisme, afin d’éviter une catastrophe bancaire de grande ampleur, le seuil des 100 000 € n’a pu être maintenu que grâce à l’aide massive accordée conjointement par l’UE et le FMI à cet état, soit près de 10 milliards d’euros. Soulignons que cette somme représente environ 65% de son PIB, or si un tel scenario venait à frapper un « grand » pays européen, rien ne garantit vraiment, au-delà de ce texte si aisément modifiable, que la limite ne serait pas abaissée à un niveau bien inférieur … Ni d’ailleurs que d’autres placements ne seraient pas, in fine, concernées.
Il n’y a bien sûr aucune raison pour céder à la panique que certaines Cassandre malintentionnées pourraient être tentées de faire débuter sur le Web, mais le fait est qu’il apparait préférable à tous les épargnants fortunés de ne pas laisser plus de 100 000 € auprès d’un seul et même établissement bancaire. Le vieil adage conseillant de « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier » a encore de beaux jours devant lui.