De nombreux économistes soulignent régulièrement, et depuis longtemps déjà, les dangers liés au pilotage d’une société basé sur le court terme uniquement, afin de satisfaire les demandes de rentabilité immédiate des investisseurs, plutôt que d’assurer la pérennité et la croissance durable de l’entreprise.
Leur avis a toujours eu une résonnance certaine, mais il a également été considéré comme une sorte de vœu pieux, car les plus grandes forces motrices du marché étaient présumées avoir une vision opposée. Toutefois, le patron du plus grand fonds d’investissement au monde, BlackRock, vient d’adresser un courrier aux dirigeants des principales sociétés en Europe et Outre-Atlantique, dans lequel il évoque l’impérieuse nécessité des stratégies de développement sur le long cours.
M. Fink, puisque c’est de lui dont il s’agit, juge notamment excessive la redistribution du profit envers les actionnaires, car elle atteint un niveau tel que les investissements nécessaires à la création de valeur future en sont parfois remis en cause. Les mots sont durs, M. Fink évoquant une véritable « hystérie » quant à la quête effrénée de présenter les meilleurs résultats trimestriels possibles, sans se soucier suffisamment du résultat prévu à 5 ou 10 ans.
A lire cette lettre, l’on en vient à se demander si elle n’aurait pas également pu être rédigé par l’Oracle d’Omaha, Warren Buffet, pour qui un investisseur avisé devrait avant tout se demander si l’entreprise à qui il « prête » de l’argent sera encore vivante et prospère d’ici une décennie. En tout état de cause, si les rendements à très court terme baissaient au profit de ceux à plus longue échéance, cela aurait pour effet bénéfique de réduire la volatilité que nous connaissons actuellement sur les marchés, et qui devient réellement problématique.
Enfin, M. Fink note que les bilans – pour utiles qu’ils soient, en matière de transparence notamment – devraient laisser une plus grande part aux perspectives d’avenir, et aux évolutions que l’entreprise devra entreprendre en conséquence. En cette période troublée sur les places financières, mais également dans le cadre des futures élections présidentielles américaines, cette lettre à un retentissement majeur, mais sera-t-elle suivie d’effet ? Là est la question.